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Autre Chose

Chroniques musicales et comics en vrac...


The Divine Comedy - Liberation

The Divine Comedy - Liberation

Il y a deux manières d'aborder la musique de The Divine Comedy. Celles-ci révèlent d'ailleurs grandement la sensibilité du cobaye étudié. En effet, prises avec une perception de demeuré bas du front, les envolées lyriques, les arrangements classieux et la préciosité désinvolte qui composent cette pop si particulière sembleraient ridicules, pathétiques voire comiques. Un bon test pour débusquer le mauvais goût crasse ou les personnes voulant simplement se construire une image solide de macho endurci imperméable aux sentiments les plus naturels. Sentiments que tout le monde ressent, malgré des tentatives plus ou moins appuyées pour les cacher. Ainsi, Neil Hannon a choisit de les exposer au grand jour. De les libérer sans complexe afin qu'ils exacerbent son inspiration.

Ce premier véritable album (le précédent étant renié artistiquement par Hannon) donne d'ailleurs tout de suite le ton par son titre et sa pochette. On y voit ce dandy enfermé dans une espèce de parc comme un animal rare. Ce qu'il est finalement. Car aux grandes heures de la pop anglaise sixties, les compositeurs les plus talentueux n'avaient aucun scrupule à dévoiler leurs tourments, leur tristesse et leur fragilité. Puis, les années d'insouciance ayant été balayées par une vague de testostérone vulgaire et misogyne, il devint ridicule aux yeux de la masse d'afficher une certaine sensibilité. La pop classe fut remplacée par un hard rock dégueulasse dans les préférences adolescentes. On oublia les textes fins, expressionnistes et les mélodies ciselées d'un Ray Davies pour secouer frénétiquement la tête sur des coups de boutoirs ineptes, en gueulant des phrases péniblement éructées par des illettrés et tournant invariablement autour des trois mamelles du Mâle moderne: la picole, la baston et l'irrespect envers le sexe féminin.
Neil Hannon se pose donc en libérateur des dandys. Quitte à ce que sa candeur et sa finesse le fasse passer pour un gay (la peur suprême du débile congénital décrit plus haut) avec ses costumes cintrés, sa pop baroque surchargée d'arrangements et ses textes psychanalytiques où il décrit ses tristesses sentimentales, son incompréhension face à la superficialité de ses contemporains en matière d'Art ou le manque de joie de vivre, de curiosité et d'émerveillement enfantin. Vivre simplement, sans s'inscrire dans l'éternelle compétition encouragée par les préceptes capitalistes. Un détachement particulièrement snob et méprisant. Mais comment raisonner autrement? La seule manière de provoquer l'intérêt, c'est d'afficher sa différence pour peut-être espérer une prise de conscience de la masse abrutie face à la vacuité de son existence. En témoigne d'ailleurs le morceau "Europop", placé au coeur de l'album comme une faute de goût immonde, où il déverse son dégoût pour la new-wave et l’eurodance. Une rupture pour réaligner l'échelle de valeur, espérer montrer la pauvreté artistique du prêt à consommer. Y croit-il vraiment? Ce n'est pas sûr, sa quête étant perdue d'avance. Neil Hammon dernier dandy utopiste.

Note: 6/10
Label: Setanta - 1993
Support: CD

  1. Festive Road
  2. Death of a Supernaturalist
  3. Bernice Bobs Her Hair
  4. I Was Born Yesterday
  5. Your Daddy's Car
  6. Europop
  7. Timewatching
  8. The Pop Singer's Fear of the Pollen Count
  9. Queen of the South
10. Victoria Falls
11. Three Sisters
12. Europe by Train
13. Lucy

Publié le par Ben


Publié dans Britpop, Baroque, Pop


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