Paul Weller - Wake Up The Nation

C’est à peine croyable! Le Modfather, littéralement touché par la grâce depuis 10 ans, nous en remet pour seize morceaux prodigieux. Et pas de la resucée des chefs-d’oeuvre précédents. Non, non. De la pop feutrée et champêtre de 22 Deams, il fait table rase et reprend la mixture à zéro. Pour un résultat moins traditionnel, plus urbain, plus fouillé.
Grâce à Simon Dine peut-être? Producteur et instrumentiste divers depuis Illumination, il est cette fois crédité comme co-auteur de tous les morceaux. Ce touche à tout apporte une touche de modernité à l’écriture traditionnelle de Paul Weller. Autant de blip-blips que d’instruments classiques de l’enluminure pop. Se percutent vents, samples, cordes, effets électroniques, flûte, nappes synthétiques... dans un fourbi miraculeusement limpide. La remise à l’actualité parfaite des marottes de l’ancien Jam qui copulent ici dans tous les sens: soul, pop, psychédélisme, rock...
Il est d’ailleurs difficile d’assimiler tout ce bazar. Seize morceaux d’une richesse inouïe, où l’on passe d’un style à l’autre sans discontinuer. On n’a plus trop l’habitude de se coltiner des albums de cette teneur. Des plages brèves, dépassant rarement les deux minutes. Nous obligeant à ouvrir les esgourdes un maximum pour absorber le plus d’éléments possibles. On est loin de la pop prémâchée et sans effort nécessaire.
Ce n’est qu’après moult écoutes que Wake Up The Nation dévoile la richesse de ses ambiances. Et là c’est l’orgie! Glam nerveux ("Up The Dosage"), soul blaxploitation sulfureuse ("Aim High"), pop sixties précieusement arrangée ("Find The Torch, Burn The Flames"), lounge-jazzy ("In Amsterdam"), retour au Jam nerveux des débuts ("Wake Up The Nation")... le tout passé à la moulinette de la modernité. Un résultat unique, sans précédent. Une déconstruction méticuleuse avant rafraichissement salvateur. Même l’autiste Kevin Shields, invité sur "7 & 3 Is The Strikers Name", se montre pertinent pour la première fois de sa carrière.
Mais l’invité de marque, lui, c’est bien sûr Bruce Foxton, bassiste des Jam, en froid depuis des années avec Weller. Rabibochés suite aux décès consécutifs de la femme de Foxton et du père de Weller, le duo retrouve sa flamme mélodique sur l’énergique "Fast Car / Slow Traffic" et l’aérien et psychédélique "She Speaks". Un autre évènement en soi.

Note: 9/10
Label: Island - 2010
Support: Vinyle

 1. Moonshine
 2. Wake Up The Nation
 3. No Tears To Cry
 4. Fast Car / Slow Traffic
 5. Andromeda
 6. In Amsterdam
 7. She Speaks
 8. Find The Torch, Burn The Plans
 9. Aim High
10. Trees
11. Grasp And Still Connect
12. Whatever Next
13. 7 & 3 Is The Strikers Name
14. Up The Dosage
15. Pieces Of A Dream
16. Two Fat Ladies