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Autre Chose

Chroniques musicales et comics en vrac...


Watchmen

Watchmen

A sa sortie, Watchmen était la Rolls des comics. Qu’en est-il aujourd’hui? Passons rapidement sur le graphisme: celui-ci a pris un coup de vieux comme tout ce qui se faisait avant la révolution Image. Les couleurs sont fades, uniformes, les cases étroites... Malgré tout, les innovations de l’époque masquent ce léger souci. Les points de vue complexes, les angles torturés, le découpage intelligent ainsi les cases truffées de références, de symboles cachés récurrents, de clins d’oeil... Le boulot titanesque de Dave Gibbons tient encore très bien la route par son côté précurseur.
L’univers dépeint reste également pertinent. L’ambiance de déchéance urbaine, les rues glauques, les intérieurs misérables ainsi que les scènes connotées science-fiction (sur Mars, dans la citadelle de verre, dans le repère du Hibou...) n’ont pas perdu de leur charme. Bref, malgré un côté délavé, tout ça tient encore largement la route visuellement.
Côté scénario, la richesse narrative, les détails soignés, les personnalités des différents personnages parfaitement décrites permettent à l’histoire de garder son intérêt. La vision anarchiste et désenchantée de Moore (héritée de V Pour Vendetta), permet au récit de rester d’actualité. Alors qu’elle faisait écho aux gouvernements réactionnaires et sécuritaires de Thatcher d’un côté de l’Atlantique et de Reagan de l’autre, celle-ci reste encore désespérément pertinente aujourd’hui.
L’extrême précision du script, la découverte du passé de chaque protagoniste en cours de route, le récit des rêves déchus, des rancoeurs, de la vie familiale des super-héros ainsi que les histoires parallèles, les références constantes à l’univers DC et les documents présents à chaque fin d’épisode rendent Watchmen toujours aussi dense et palpitant. Mais c’est autant un avantage qu’un inconvénient. Comme chaque travail d’Alan Moore, on croule trop sous les détails. Ok, son univers est entier, il a pensé à tout, mais la lecture de cette masse devient très roborative. Il faut surtout ne pas abandonner la lecture pensant y revenir plus tard, au risque d’être complètement perdu dans le récit. Tout ça manque de légèreté, il faut en être bien conscient. Ses différents runs de La Ligue Des Gentlemen Extraordinaires, par exemple, s’avèrent bien plus digestes par leur côté référentiel et débridé.
On ne peut pas dire que Watchmen ait mal vieilli. Moore et Gibbons ont, à l’époque, cassé toutes les règles du comics en général et des super-héros en particulier, ouvrant des portes par dizaines par cette oeuvre phare, terreau de la BD américaine actuelle. Mais sa lecture s’avère toujours aussi complexe. Les néophytes qui tenteraient sa lecture suite à la sortie du film risquent de se heurter à ce pavé très complexe et pas forcément représentatif du genre.

Note: 8/10
Alan Moore / Dave Gibbons - 1986-1987
Editeur: DC / Panini

Episodes originaux: Watchmen n°1 à 12.

Publié le par Ben


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